Nancy Destefanis Dupin est experte en management et en communication managériale. Elle nous livre sa vision du management dans un article publié dans un ouvrage de Jean-Ange Lallican : L’art de déléguer, manager dans la confiance ( Éditions Dunod, 2015). Une vision basée sur l’expérimentation et sur un socle de valeurs humanistes.
La vie d’une organisation, que ce soit une entreprise privée ou publique, est ponctuée de périodes de forte incertitude endogène et exogène, plus au moins longues .Dans ces moments, que nous avons tous vécus comme directeur, DRH, managers, les collaborateurs sont en attente d’informations à vocation stabilisatrice, attente qui provoque une pression accrue sur la gouvernance de la structure.
Aujourd’hui, j’ai la conviction qu’un dirigeant ne doit pas alors s’essayer à l’exercice impossible de la gestion de l’incertitude en distillant des informations qu’il ne maîtrise pas face à des changements rapides et impromptus mais bien plutôt revenir aux fondamentaux : les valeurs et la gestion des compétences, afin d’apporter de la sérénité aux collaborateurs, et à lui-même.
Ainsi, confronter de plus en plus fréquemment et de façon quasi structurelle, au management des mutations dans un monde en permanente accélération, les valeurs m’ont permis de réaffirmer auprès des collaborateurs , que même dans une période chaotique, l’humain reste au cœur des préoccupations de dirigeant. Le dialogue, la concertation et la franchise sont les trois piliers de ces valeurs managériales.
La gestion des compétences, comme souci permanent au sein du dialogue social et dans la relation managériale ,développe une double vertu : rassurer rationnellement chaque collaborateur et préparer l’adéquation des besoins futurs de la structure avec les personnels.
Cet exercice fondamental, je m’y suis attachée afin que chacun des acteurs de la structure connaissent bien la valeur ajoutée de ses compétences dans la réalisation de ses missions et tâches professionnelles. Cela est souvent passer aussi par l’aide à la prise de conscience de la progression de chacun dans le temps: nouvelles compétences acquises, nouveaux process mis en place, capacité à réaliser de nouvelles missions. Chaque collaborateur peut ainsi appréhender avec un peu plus de confiance un changement de poste ou d’organisation.
Pourtant le management fort de ces fondamentaux ne doit pas éluder que la principale qualité d’un dirigeant, responsable d’équipe, manager, reste l’humilité en période d’incertitude ou non.
Pour manager, doutons !! et déléguons
En effet au-delà de ce que nous venons de voir, et que nous devons sans aucun doute considérer comme des pré-requis, des « sine qua non » du management, il est utile également de se rappeler que l’acte primordial qui sous-tend un management de qualité est la délégation.
Cet acte de délégation, quotidien, récurrent est la démonstration auprès du collaborateur de l’absence de décalage entre les valeurs fédératrices et le développe et la gestion des compétences.
Ainsi lorsque je délègue, j’accorde non seulement ma confiance, mais je permets aux collaborateurs de développer la leur et celle envers la structure, le manager en étant une représentation.
Par le développement simultané de leur latitude à faire (la responsabilisation sur un champ de compétence identifiée témoigne et assure de la confiance réciproque objectivée ) dans un cadre connu (la définition du périmètre est cruciale afin de ne pas créer risques de recadrage sur les initiatives) qu’est celui de la délégation délimitée et « compétentielle », le collaborateur, manager ou non, va devenir acteur de sa propre évolution.
Il va ainsi entretenir, avec le système dans lequel il opère, des interactions qui lui permettrons y compris en période de mutation de se créer ses propres réassurances ( je suis capable , je sais faire tel ou telle type de tache , mes missions sont utiles , je pourrais devenir …),celles-ci faisant écho à celles du dirigeant qui réitère part la délégation sa propre confiance et sa capacité à gérer les compétences (y compris les siennes !) , et leurs évolutions.
Cercle vertueux, si on veut, surtout impérative nécessité pour que le management soit et reste humain et donc efficient.